L'Objet
:
Marquage d'une ligne
longitudinale flexueuse
d'écoulement là où la matière venue des plaines se transforme en limon et sédiments, années après années,
siècles après siècles, millénaires après millénaires, sous l'action de
l'écoulement des eaux du fleuve pour donner naissance à une pierre
sédimentaire rare.
Les
Faits :
"Marquage à la vasière".
Sentir, ressentir et percevoir la transformation progressive de la matière.
Action réalisée
dans le cadre de la collecte des sables des mers du monde le
15 juillet 2006.
Lieu :
Site naturel protégé de
l'estuaire de l'Orne sur les terrains François des communes de
Merville-Franceville et Sallenelles sur le site historique européen du
conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres jumelé avec
Beaulieu estuary, Normandie, France.
Durée de l'action : de 11h37 à 12h20
Date : 15 juillet 2006
Matière : Farine ménagère, eau du fleuve.
Technique :
Saupoudrage.
Vues d'ensemble et
détails :
►
"Marquage à la vasière"
Vue panoramique 1
►
"Vasière à marée basse"
Vue panoramique 2
►
"Vasière à marée haute"
Au cour
de l'ère secondaire, au jurassique, des débris organiques se déposent au
fond d'un marais littoral sous un climat tropical chaud et humide. (De
tels milieux se retrouvent aujourd'hui dans les lagunes littorales du
golfe du Mexique ou de l'Afrique). Ces débris, cimentés naturellement,
donnent naissance progressivement à des calcaires qui, 150 millions d'années plus tard,
seront exploités par l'homme pour construire nombre de monuments. La
pierre de Caen au grain très fin, sans impureté, durcissant à l'air et
qui se
prête admirablement à la taille et à la sculpture est née d'un tel
endroit. Dès le XIe siècle,
sous l'impulsion de Guillaume le Conquérant, son exploitation se
développe. Au-delà de son utilisation locale (abbayes aux Hommes et aux
Dames, Château de Caen, églises de Basse-Normandie et de la vallée de la
Seine...), elle est la pierre à bâtir de multiples monuments anglais :
Palais de Westminster, abbaye de Cantorbéry, de Battle, Tour de Londres.
Pendant plus de 900 ans, l'estuaire de l'orne voit défiler des bateaux
chargés de pierre de Caen. Le volume de pierre exporté dès le XIe
siècle confond l'imaginaire : Ce fut l'un des articles les plus
importants du trafic maritime européen au Moyen Age, se chiffrant en
millions de tonnes. Au milieu du XIXe siècle, ce sont encore près de 30
000 tonnes de pierre qui sont exportées annuellement sur une flottille
de 200 bateaux passés sur les rives de cette vasière. Son exportation à travers le monde se maintient jusqu'au
XIXe siècle : le Palais Royal de Bruxelles, la décoration de plusieurs
Gratte-ciel new-yorkais, la cathédrale des îles Bermudes sont pour tout
ou partie en pierre de Caen née 150 millions d'années plus tôt de cette
vasière. Aussi, marquer aujourd'hui une ligne longitudinale flexueuse
d'écoulement là où la matière venue des plaines se transforme en limon
et sédiments, années après années, siècles après siècles, millénaires
après millénaires, sous l'action de l'écoulement des eaux du fleuve pour
donner naissance à une telle pierre sédimentaire rare prend tout son
sens devant la collecte des sables des mers du monde pour la réalisation
future de l'aménagement du projet "le Solitaire... des marées".
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