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Jean-François Aillet - Sculpteur / Designer - Projets en cours

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Christian Lambert s'exprime sur le travail de JFA

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Répartition géographique
des prélèvements

"Le Solitaire... des marées"

C'est quoi ce projet ? 

 

Biographie

Nom : Aillet
Prénom : Jean-François
Né le 22 septembre 1961
en Normandie

Développement

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Rencontres

JFA raconte
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Témoignages

Ils se sont exprimé
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sur JFA

Jean-Bernard Hollman

 

Portrait osé
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Témoignage de Christian Lambert
Ancien Chef de cabinet du ministre des armées de Belgique

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Jean-François,

Tu m’as lancé le défi, amicalement, sans sanction en cas d’insuccès, de mettre par écrit pourquoi, en quoi, ton projet du " Solitaire des marées " me fascine. Je t’ai répondu que je prendrais le temps de te répondre.

Voilà le temps venu.

D’abord, sache que je ne suis pas du tout lié au monde artistique. Mais je suis ainsi fait que j’ai besoin de rêver pour vivre, de voir que d’autres secteurs de la vie que le mien développent des idées qui font voyager, même si c’est en mode mental ou virtuel. On fait parfois de plus merveilleux voyages dans sa tête que dans la réalité.

Je ne te connais pas depuis longtemps, mais c’est cela le contact par le Net, c’est la spontanéité qui fait jaillir l’étincelle. Peut-être nous rencontrerons-nous un jour ? Je l’espère, surtout si c’est pour lancer ton projet. Et puis, même s’il ne se réalisait pas, qu’importe sur ce plan.

Je ne suis pas du tout certain de pouvoir classer exactement par ordre d’importance les raisons pour lesquelles ton Solitaire me fascine, mais je vais te livrer tout cela comme çà vient, que chacun fasse son tri, et puis on verra ce qu’il en sortira.

Ton Solitaire des marées est avant tout une idée, une représentation mentale que seuls sur notre petite Terre les humains sont capables de comprendre. Prendre, emporter, dérober, voler, un morceau de mer quelque part sur le globe pour le transplanter ailleurs, quoi de plus merveilleux pour l’esprit ?

 

D’abord, il y a le trou dans l’eau que tu vas faire.

Toi qui es Normand, imagine que tu traces un carré dans sur le sommet d’une motte de beurre, que tu creuses jusqu’au fond, puis que tu le déposes tel quel ailleurs, tel une sculpture. Ce qui est encore plus éphémère, c’est le trou dans l’eau. Et si ce trou est carré en plus, il faut parvenir à se l’imaginer. Je n’ai jamais vu de ronds dans l’eau qui étaient carrés. Mais l’esprit peut parfaitement l’imaginer ! De même, combien de temps un trou dans la motte de beurre dure-t-il ? Et combien dure un trou dans l’eau ? Ton compatriote Brassens parlait du trou dans l’eau de ses copains qui jamais ne se refermait. Superbe image de la permanence dans l’esprit, dans l’imaginaire !

D’autres que toi ont déjà pensé et réalisé le concept du trou dont le contenu est transplanté ailleurs. Si je ne me trompe pas, la surface plantée d’arbres entre les 4 immeubles de la grande Bibliothèque de France à Paris, qui délimitent une surface rectangulaire d’un hectare, est le résultat d’un " trou " qui a été fait dans une forêt près de Paris (je ne sais plus laquelle). Ce trou aurait ensuite été comblé par du gravier pour montrer la provenance de cet hectare de forêt, et pour éviter que la cicatrice ne disparaisse. Je trouve cette histoire fascinante ! Et j’utilise ce mot en sachant ce que j’écris. Aucun autre être vivant que l’homme ne peut comprendre çà, pas même les écureuils ni les oiseaux de la forêt d’origine quand ils font face à un hectare de caillasse, perdu en pleine forêt.

Mais la différence qu’il y a entre cette réalisation magnifique et ton Solitaire, c’est la notion de permanence. Que dure un trou dans l’eau ? La blessure due au coup de canif dans l’océan ne durera qu’un moment immensément court ! A moins que tu ne me permettes de te souffler une idée qui m’est venue comme çà, au détour d’un instant de folie. Si ton solitaire se réalise, ce que je souhaite du plus profond de moi-même, j’aimerais en faire le miroir : un trou dans l’eau à Saint Malo, de la même dimension que ton œuvre, dans les mêmes matériaux, avec plein de lumières intérieures la nuit, pour attirer le regard des hommes, et les faire partir ensuite en voyage imaginaire jusqu’à son correspondant. Un Solitaire ne brille-t-il pas de mille feux ? Ceux de son lieu d’extraction, et ceux qui émanent du plus profond de lui-même, peu importe où il se trouve sur le globe ? A nous deux, nous aurions réalisé la permanence d’un trou dans l’eau (et en plus, d’un trou carré !), avec toute la signification que porte ton projet (l’apport de la marée de Saint Malo au Québec).

Et pourquoi ne pas éclairer le trou dans l’eau de manière symétrique par rapport à ton Solitaire ? Avec le décalage horaire, ce serait un vrai défi de tenir compte des jours et des nuits ici et là ! La dimension temporelle jouerait sur plusieurs registres, dans ce coup de la main de l’homme dans la nature, dans l’histoire, dans la géographie.

Que penses-tu de l’idée de demander à la municipalité de Saint Malo de pouvoir puiser une colonne d’eau de mer à marée haute ? C’est comme si tu demandais l’autorisation de récolter quelques mètres cubes d’eau de pluie, ou de faire une prise de sang pour l’injecter là où il sera plus utile.

Sur ce plan, je n’ai envie de te faire passer qu’un seul message : fais un trou dans l’eau, et si possible, rends le permanent, empêche qu’il se referme, pour montrer toute sa signification !

 

Ensuite, il y a quel trou dans l’eau tu vas faire,
le lieu où tu vas le faire, le lieu où tu vas le transporter.

Ton projet, c’est quoi, essentiellement ? C’est dans mon esprit un appel aux hommes qui vivent au Québec, à Montréal ou à Québec, pour qu’ils plongent dans le passé, leur passé, même s’il est inconscient. " D’où viens-tu ? ", c’est la question que tu leurs poses, c’est ton invitation à leur réflexion. Et quand tu dis "d'où viens-tu ? ", tu dis aussi et surtout " qui es-tu ? "

Pourquoi faire un trou dans l’eau à Saint-Malo, plutôt que n’importe où ailleurs ? L’histoire n’est pas absente de ton processus mental. C’est de là qu’est parti Cartier, cet aventurier, ce plus ou moins bandit, qui a le premier tracé une route pour les hommes qui n’avaient rien, ou si peu à perdre, mais qui méritaient peut-être, certainement, une seconde chance. Le trou dans l’eau que tu vas faire ne sera peut-être que purement virtuel, en fonction de la bienveillance des Malouins, mais il existera quoi qu’il arrive. Et çà, c’est aussi un message adressé aux Bretons : Sont-ils prêts à soutenir un projet qui réédite, sous les formes technologiques d’aujourd’hui, l’aventure de Cartier ? Vont-ils se montrer frileux ou ouverts d’esprit ? Tu dois les convaincre que ton projet est une filiation moderne de cette glorieuse époque !

Où vas-tu faire ce trou dans l’eau ? Bien plus que dans le port de Saint-Malo, je te souhaite de le faire dans le cerveau des hommes, et s’il faut le concrétiser matériellement pour être mieux compris, je t’ai livré mon opinion. Mentalement, tu vas le faire de ce côté de l’Atlantique, et symboliquement, il sera perçu de l’autre côté de l’océan.

Imagine quel hasard, si l’eau que tu puisais à Saint-Malo était exactement celle qui a porté le navire de Cartier ! Qui peut dire avec certitude que c’est elle ou non ?

Où vas-tu transporter ton trou ?

En Amérique, bien sûr, là où se concentrent un nombre incalculable de rêves de nouveau monde. Et là, il signifiera quelque chose, parce qu’il ne sera pas un trou, mais bien plus que çà : un puit ! Dans lequel ils iront puiser un instant de leur passé, une parenté lointaine avec toi et moi. Ils se souviendront que les hommes sont finalement tous parents d’une manière ou d’une autre, et qu’il n’y a rien de plus stupide que de se combattre. Ton projet aurait-il un petit côté " pacifiste " ? Çà ne me déplairait pas.

 

Il y a aussi la référence à l’histoire.

L’histoire et le passé sont deux notions fort proches, comme tu le sais. La différence entre elles, c’est la cohérence. Bien sûr, il y a des exemples extrêmement nombreux d’incohérence de l’action des hommes sur Terre. Mais ce qui compte surtout, ce sont les preuves de cohérence, non ? Et j’ai la prétention de penser qu’une seule preuve de cohérence a une valeur infiniment supérieure à mille ruptures.

Ton œuvre est une transposition moderne de l’aventure de Cartier. Le risque à l’époque était énorme. Aujourd’hui personne n’oserait franchir l’Atlantique dans un tel rafiot ! Et toi, tu vas voyager dans le monde virtuel, mais qui n’est nullement exempt de dangers parce que comme par le passé, le voyageur ne peut pas savoir où sont les pirates.

Et tu vas redonner une vie à Cartier, ainsi que tu vas le remettre dans la mémoire immédiate des hommes qui vont s’intéresser à ton Solitaire, ou même qui simplement vont passer devant cet " objet ". Quel hommage ! Combien d’hommes seraient au bord de l’explosion de l’ego s’ils savaient que plusieurs siècles après leur disparition, on pense encore à eux.

Au-delà de Cartier tout seul, c’est tous les aventuriers des mers que tu honores. C’est finalement tous les aventuriers, tous ceux qui ont osé se lancer dans l’inconnu, dans le risque, plutôt que de rester confortablement au coin du feu avec bobonne, qui resurgissent du passé grâce à toi. Et aussi, c’est un encouragement aux aventuriers présents et futurs à défier les nouvelles frontières, celles que l’homme n’a pas perçues, pas encore franchies, ou pas encore osé franchir. Et pourquoi limiter ceci à l’aventure géographique, pourquoi ne pas ouvrir nos horizons à ceux qui voyagent dans d’autres univers, la musique, les arts, la science, la philosophie, et mille autres domaines ?

Ton projet est une extraordinaire géométrie variable, à travers le temps, à travers le monde, à travers les esprits.

Et tout çà, à partir d’un hommage à un navigateur. Quel merveilleuse Porte il a ouverte à l’homme ! Quelle porte ouverte tu enfonces, alors que personne ne l’avait vue, ni ouverte, ni fermée !

Il est parti de Saint Malo, il a amadoué la marée, les courants, la masse d’eau parfois si hostile, il a atteint un but probablement assez indéfini, mais qui a donné vie à tellement de choses et de personnes ! Soit dit en passant, il devait quand même avoir une fameuse connaissance de la nature, de la mer, des vents, des hommes, de cent et de mille choses dont nous n’avons pas l’idée.

Et toi, simplement, l’air de ne pas y toucher, tu le fais revivre dans la mémoire des hommes qui ne l’ont jamais connu autrement que dans des manuels scolaires d’histoire souvent synonymes de pénibilité, ou alors juste sous la forme d’une identification de lieu (la Place Jacques Cartier ? C'est jute là, un peu plus loin à droite…).

Peut-être un jour, l’histoire rendra-t-elle justice aux hommes, et nous pourrons alors percevoir Cartier et tous ses " collègues " avec tous leurs défauts et qualités, tellement humains, si loin des " dieux " qu’ils deviennent avec le temps qui passe. Mais c’est cela qui est le fondement de l’homme, des hommes, la perfection n’est pas de leur monde et pourtant, à force d’additionner des essais et échecs, vient un jour une étincelle qui justifie tous les efforts entrepris.

 

L’inutilité de ton Solitaire.

A quoi va-t-il servir ? Qui a ou aura besoin de connaître l’état de la marée à Saint-Malo alors qu’il est au Québec ? Économiquement, ton Solitaire est proche du zéro absolu. C’est aussi çà qui le rend fascinant. Tu sais, il y a dans mon pays, que tu connais plus qu’un peu, un Mesureur de nuages. C’est aussi utile que de connaître la marée là où on n’est pas. A Gand, tout au sommet d’un haut immeuble, il y a un homme qui tend les bras écartés vers les nuages. Entre ses mains, il y a un mètre, juste pour mesurer la longueur des nuages. Et toi, en bas, les pieds sur la terre, tu peux fantasmer sur cet éphémère. Évidemment, tu te doutes bien que cet homme est une sculpture, parce qu’aucun de nos contemporains dans notre société hyper fric ne voudrait se prêter assez longtemps à ce jeu. Mais j’attends encore qu’on m’explique, qu’on me démontre l’intérêt économique qu’il y a à mesurer les nuages qui passent.  C’est probablement ailleurs que dans la rentabilité économique qu’il faut chercher la clé. Et c’est très bien ainsi, çà signifie que nous ne vivons pas totalement sous la dictature de l’argent. Il y a autre chose dans nos vies. La comparaison entre " mon " mesureur de nuages et ton Solitaire des marées saute aux yeux, en tout cas, aux miens.

Christian LAMBERT
Inspecteur général des finances de l'Otan

Belgique, Juin 2001

 

JFA et Christian Lambert, restaurant "le Phénicien", Liège, Belgique, 10 mars 2001.

 

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Collecte N° 0095

 

   

 

Prélèvement international de matière première

Intention : Faire rassembler le plus rapidement possible, par 7000 personnes à travers toute la planète, 7000 sables de toutes les mers du monde afin de faire venir la silice nécessaire pour réaliser le diamant destiné à aller coiffer le projet "Le Solitaire... des marées" et concevoir une place publique destinée à rassembler les sables de toutes les mers du monde autour de ce projet.