Marche Maritime 2008
Qui ?
Présentation
avant le départ !
Mon nom est JFA. Je suis sculpteur. J’ai 48 ans
lorsque j'entreprends cette marche.
J’habite en Normandie. Je travaille au développement d’un
projet intitulé
« Le Solitaire… des marées » dont je suis
l’auteur.
Témoignage
au fil
des jours...
Nombreuses peuvent être les questions que l'on peut être
amené à se poser avant de partir dès lors que l'on envisage
de se mettre en marche d'aussi loin que la Bretagne pour
aller jusqu'à Santiago de Compostela. Aussi, me
permettrais-je, en toute modestie, d'essayer de vous
apporter ici ce témoignage rassemblant en une seule marche
le Tro Breiz, la Voie de Soulac, le Camino del Norte :
D'où partir
lorsque l'on
décide de partir de Bretagne ?
Quand je suis arrivé à Santiago de Compostela, un pèlerin
m'a demandé : "Pour toi, c'était quoi l'étape la plus
difficile ?" Parti le 1er avril 2008 du sommet du
Mont-Saint-Michel, je venais de mettre 6 mois à relier
Saint-Jacques-de-Compostelle, le Cap Fisterra, Muxia, en 166
jours non stop avec 25 kg de matériel sur les épaules en
étant passé par la côte française et espagnole (Tro Breiz,
Voie de Soulac, Camino del Norte), 3 en 1 pour 3200 km
parcourus, il faisait - 2° lorsque je suis parti, j'ai
réfléchi avant de lui répondre et avant que je ne puisse lui
répondre, il m'a répondu : "Pour moi, l'étape la plus
difficile est celle où je me suis décidé à partir !" Après
réflexion, c'est probablement vrai, l'étape la plus
difficile à passer est celle qui nous fait prendre la
décision de nous mettre en marche.
Alors d'où partir
lorsque
de toute façon l'on se décide
à aller marcher plusieurs
dizaines de centaines de kilomètres ?
Je dirai qu'en partant de Bretagne, le mieux que l'on ait à
faire c'est de partir de chez soi, de là où l'on réside,
tant l'on n'est pas vraiment à 100 km de plus ou de moins en
étant aussi loin du point d'arrivée. Pour ma part, je suis
donc parti du sommet du Mont-Saint-Michel avec un objectif
simple : relier le Mont-Saint-Michel à Santiago de
Compostela en passant par le plus long chemin que l'on
puisse faire en partant de ce point de départ. C'est à dire
en longeant tout simplement la côte. Ce point de départ
depuis la Bretagne mène donc à croiser un autre pèlerinage :
le TRO BREIZ. Au départ, on ne sait pas trop ce qu'est ce
pèlerinage.
Quelle relation
avec
Saint-Jacques-de-Compostelle ?
Quelle relation ce Tro Breiz peut-il avoir avec ce
pèlerinage vers Santiago ? En fait c'est lorsque l'on arrive
à Santiago que l'on comprend son importance en partant de
Bretagne. La Bretagne constitue un finistère, Santiago, en
partant de Bretagne c'est aller vers un autre finistère, le
second finistère en se référant au point de départ. Le point
de départ et le point d'arrivée sont en fait très jumeaux.
Aussi, en partant de Bretagne, il est bon, me semble-t-il,
pour se préparer, se muscler, se forger le mental,
d'effectuer au préalable ce tour de la Bretagne en tant que
mise en condition. C'est ce que j'ai fait. J'avais à cela
une bonne raison : Je vis en Normandie, Breton d'origine
(50% Breton/50% Normand), j'ai éprouvé avant de partir
d'aller marcher sur la terre de mes ancêtres. Aussi, avant
de partir, comment dirais-je cela ? Munissez-vous,
nourrissez-vous de tout ce qui fait votre origine,
revisitez-là, redécouvrez-là tant cela vous servira
énormément sur ce chemin vers Saint-Jacques et surtout
n'oubliez pas de coudre une
hermine sur votre sac ou sur votre chapeau.
Le fameux TRO BREIZ...
Comment l'aborder ? Je savais qu'en partant du
Mont-Saint-Michel, j'allais devoir avant affronter la façade
maritime bretonne par des temps pas toujours très cléments
(c'est le moins que l'on puisse dire quand la mer décide de
pousser ses embruns à terre...) et qu'en second lieu le
chemin côtier n'allait pas être équipé de gîtes d'étapes à
l'instar de ceux que l'on peut trouver en Espagne. Pour
cela, je n'y suis pas allé par quatre chemins. J'ai pris la
décision d'emmener avec moi un objet peu encombrant, très
léger, quelque chose que l'on ne trouve pas dans le civil :
un sur-sac de couchage des commandos de marine qui permet de
bivouaquer n'importe où par n'importe quel temps, par
n'importe quelle température garantissant en tous temps de
dormir au sec, d'être sec et de rester sec. C'est là l'une
des recommandations les plus importantes que je vous ferais
si vous décidez de partir de Bretagne : munissez-vous d'un
sur-sac de couchage. Vous ne le regretterez pas. Deuxième
recommandation : Où que
vous soyez, dans chaque village, passez dire un petit
bonjour à l'instituteur, au maire, au patron du PMU, etc.
Vous partez de loin... Dites-vous bien que le
bouche-à-oreille à partir d'un moment vous précédera. Une
personne rencontrée trois jours plus tôt dans un village
sera sans aucun doute la personne qui vous invitera chez
elle trois jours plus tard ou aura parlé de vous à ses
ami(e)s qui seront ceux qui vous accueilleront car ils
auront entendu parler de vous par cette même personne même
si ce jour-là elle n'est pas là. C'est cette magie que j'ai
pu vivre et rencontrer partout en Bretagne tout le long de
la côte : une
extraordinaire solidarité, une chaîne humaine. Aussi,
quand vous être dehors avec un sac-à-dos par tous les temps,
c'est très important. Autre recommandation importante : Dans
les cafés, dans les bars, n'allez pas en terrasse. Allez
vous déharnacher de votre sac et vous asseoir directement au
bar. C'est là que vous allez faire les rencontres. Au départ
on vous regardera bizarrement, on vous jaugera sans rien
vous dire. Commandez à vous faire servir une Cervoise et à
partir de là, vous allez voir la magie que cela enclenche...
Au sortir du TRO BREIZ...
Là, vous aurez déjà l'impression d'avoir accompli quelque
chose de... d'indescriptible. Vous ne sentirez plus le poids
de votre sac sur le dos. Vous aurez mal au pieds et cela
c'est plutôt bien tant c'est important de faire craquer ses
os avant de partir. Vous serez enfin préparés pour commencer
à descendre. Une fois que l'on quitte la Bretagne, c'est
plat !!!...et c'est tout droit jusqu'aux Pyrénées.
Cependant, n'allez pas trop vite. Regardez bien autour de
vous ce qui s'opère... Car vous allez croiser différentes
régions qui vont progressivement vous renseigner sur ce que
vous avez appris en Géographie et en Histoire à l'école.
C'est durant tout cette descente vers les Pyrénées une lente
et fabuleuse révision de votre Histoire et de votre
Géographie que vous allez faire et vivre. Vous allez voir,
c'est fabuleux.
La façade Atlantique
jusqu'aux Pyrénées...
Là, il n'y a pas que la ligne droite qui est possible... Il
y a quelques îles en chemin ! Je vous recommande d'aller en
visiter quelques unes. Personnellement, je me suis arrêté
sur 14 d'entre-elles : les temps de repos sont nécessaires.
A Royan, si vous longez la côte, vous allez devoir passer
l'estuaire de la Gironde. Je vous y invite car de l'autre
côté vous allez croiser votre chemin avec Nôtre-Dame du Bout
des Terres. C'est important de passer la voir avant d'aller
à Saint-Jacques. Je ne vous dis pas pourquoi. Cela, ce sera
à vous de le découvrir sur place. De là, vous avez deux
possibilités : Soit longer la côte, soit descendre le long
des bords de la Gironde pour aller jusqu'à Bordeaux.
Personnellement, j'ai choisi de descendre par l'intérieur de
l'estuaire de la Gironde.
Ah ! Pas totalement fou ! Il y a là tous les grands
crus et cépages que l'on trouve sur toutes les bonnes tables
de tous les plus grands restaurants du monde. Alors je crois
que ça vaut le coup d'aller voir de ce côté-là... !!!
A Bordeaux, rejoignez la Dune du Pila et surtout, faites-là
en entier par le dessus (3 km de long) à marcher sur la
colonne vertébrale de la plus haute dune de sable d'Europe,
en venant de Bretagne, j'aime mieux vous dire que c'est
quelque chose à ne pas manquer de faire quand l'on sait que
99% des touristes ne font que monter en haut pour s'y faire
photographier et se contentent ensuite de redescendre
l'escalier... Bah ! c'est triste ! Alors puisque vous êtes
arrivés jusque là, faites-vous au moins ce plaisir de trois
bonnes heures de marche pour la traverser. Après, c'est tout
droit, tout droit, tout droit, tout droit, la longue
traversée des Landes. Bon, ne vous embêtez pas trop, il y a
dans ce coin-là beaucoup de terrains d'entraînement
militaire alors passez plutôt par l'intérieur jusqu'au
courant de Huchet. A partir de là n'allez pas trop vite,
profitez des plages avant et après Biarritz car dès que vous
arriverez au niveau d'Hossegor va commencer à apparaître à
l'horizon un truc qui va vous émerveiller, vous séduire et
enfin vous méduser ! Vous... vous allez progressivement
comprendre que vous allez devoir passer ce truc qui commence
à apparaître devant vous :
les Pyrénées !!! Et quand on vient de Bretagne,
j'aime mieux vous prévenir, la Bretagne, vous allez trouver
que finalement c'est très très très plat la Bretagne à côté
de ce qui se présente en face de vous sur la ligne d'horizon
!!!
Vous êtes venus là pour
cela, non !!! (???) pour passer les Pyrénées... pour aller
jusqu'à Saint-Jacques !!! C'est bien cela, non ???
Bon, ben, je vous conseille de vous attarder un peu dans
quelques bars basques avant de vous décider car ce qu'il y a
devant, c'est... c'est
grand, c'est pointu, c'est..., ça change de l'océan, c'est
sûre !!! Une fois que vous serez arrivés à Hendaye,
ne commettez pas l'erreur que font tous les français qui
partent vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
Ne passez pas par Irun.
A Hendaye, allez jusqu'au bout du port et
prenez là la traversière qui vous fera passer la
Bidassoa, le fleuve qui sépare la France de l'Espagne. De
l'autre côté vous serez arrivés, au bout d'un long et lent
voyage, en Espagne. A partir de là, tout change. Vous ne
parlez pas la même langue. Tout est différent, vous perdez
vos repères sauf un, le plus important à partir de
maintenant : Vous allez
jusqu'à Santiago de Compostela et non plus jusqu'à
Saint-Jacques-de-Compostelle. C'est une petite nuance
mais c'est une différence de taille la façon de nommer le
lieu dans sa vraie phonétique. Vous êtes à présent à
Hondarribia. Là, faites une pause car ce qui vous attend à
partir de là va se prolonger sur plus de 800 km. Ben, oui,
il n'y a que les français qui pensent que les Pyrénées
s'arrêtent à la frontière française !!! Nan, Nan, Nan !!! Ça
ne fait que commencer !!! Alors à Hondarribia, chose très
importante, il faut aller voir, avant de continuer, la
Vierge Noire de la chapelle de Guadalupe, y faire tamponner
sa credencial et à partir de là...
BUEN CAMINO !!!
Personnellement, en sortant de la chapelle de Guadalupe, je
suis passé par la montagne pour rejoindre Pasaia, par le
mont Jaizkibel. C'est très physique mais c'est une mise en
condition pour ce qui attend ensuite et quand vous serez
arrivés là-haut alors là, le paysage...
Je vous dis simplement :
allez-y voir !!!
A partir de là, vous entrez de plein
pied dans ce que l'on appelle le CAMINO DEL NORTE (le Chemin
du Nord) pour aller vers le Sud en passant par l'Ouest.
Le Camino del Norte, c'est,
c'est, c'est... Bah, je ne sais pas, je ne trouve pas
les mots pour le décrire, moi je l'ai fait avec 25 kg de
matériel sur le dos alors que je ne suis qu'un tout petit
bonhomme, quand je pense que tout le monde dit que c'est
lourd à porter un sac alors qu'en fait tout est dans la tête
!
Faites-le un jour ! Faites-le un jour ce chemin ! Faites-le
depuis la Bretagne, vous verrez que c'est beaucoup mieux que
ce que les gens en disent. Le Camino del Norte est vraiment
un chemin à part.
Si vous avez envie d'aller jusqu'à
Saint-Jacques-de-Compostelle, c'est lui qu'il faut prendre
tant il est encore un chemin d'aventure.
CREDENCIAL ?
Au
départ, on ne connaît pas ce nouveau mot ni véritablement
son sens ni ce qu'il représente. Ce n'est qu'au retour que
l'on mesure vraiment ce nouveau vocabulaire assimilé et son
importance qu'il prendra ensuite dans notre vie pour le
reste de notre vie. Quand je suis rentré, je ne
reconnaissais plus mes marques, je ne savais plus où étaient
mes choses, mes objets, la seule chose à laquelle je pouvais
me raccrocher était cette CREDENCIAL, ce bout de papier que
j'avais soigneusement protégé en chemin, tout le long du
chemin. A mon retour, je me suis rendu compte que ma
CREDENCIAL mesurait
►
5,6 m de longueur une fois dépliée.
Elle est une partie du chemin, celle qui nous aide à nous
ré-ancrer après être allé la faire encrer. |