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Jean-François Aillet - Sculpteur / Designer - Projets en cours

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Journal de Bord

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Patricia Cheval s'exprime sur le travail de JFA

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Répartition géographique
des prélèvements

"Le Solitaire... des marées"

C'est quoi ce projet ? 

 

Biographie

Nom : Aillet
Prénom : Jean-François
Né le 22 septembre 1961
en Normandie

Développement

Chronologique

Parcours artistique

Formations

Dossier Médicis

 

Rencontres

JFA raconte
ses rencontres avec :

Jean Moré

Mariyo Yagi

Bob Lens

Rüdiger A. Westphal

Pascal Pithois

He,Jian

Phan Kim Dien

Inge van Kann

Ryosuke Cohen

Azim Shabal Nawabi

Natacha Androusov

Kaïdin M Le Houelleur

 

Témoignages

Ils se sont exprimé
sur le travail de JFA :

Pierre-Emmanuel Muller

Pierre Jaccaud

Joël Hubaut

Francis Vallat

Christian Lambert

Renaud Bonneville

Sylvain Sauvage

Patricia Cheval

Isabelle Schmid

Céline Lacaille

 

Portrait audio
sur JFA

Jean-Bernard Hollman

 

Portrait osé
Ancêtres

Fils de marin

Témoignage de Patricia Cheval
Littéraire

 

L’Art réside à la fois dans la matière et dans le vide. Les possibilités d’expression pour le sculpteur sont quasi-illimitées aujourd’hui grâce au béton, à l’acier, au verre, aux matières plastiques. Cette libération provoque la recherche de nouvelles fondations sur lesquelles construire ainsi l’émergence de l’immatériau.

L’Immatériau qui est à l’œuvre dans ces projets : le phénomène des marées, efface la distinction philosophique habituelle entre esprit et matière, science et art. Il s’agit bien ici d’une irruption du savoir décloisonné dans le monde de la sculpture. Il importe donc de modifier notre attitude vis-à-vis des technologies, des matières et des matériaux utilisés dans l’univers sculptural de Jean-François Aillet.

Tout au long de cette présentation, ce plasticien procède à une démonstration très précise du processus qui est à l’œuvre dans ses projets, n’hésitant pas à recourir à des explications très techniques. Mais n’allons pas croire que cet exposé détaillé rend l’œuvre transparente. Quoique l’artiste semble lever le voile de sur sa création, il n’en affiche en fait que le squelette de son fonctionnement à des fins purement pédagogiques. Ne nous y trompons pas : il ne peut et ne veut en aucun cas radiographier ce qui anime cette œuvre articulée organiquement, et qui est l’inconcevable : façonner le temps par la maîtrise réelle de cet immatériau : le phénomène des marées.

Portons notre attention sur l’aspect anthropomorphique des sculptures de Jean-François Aillet : reflets totalement épurés de nos existences, les structures verticales symbolisent l’élément actif, l’être vivant qui croît vers le haut, vers la lumière, vers le soleil ; c’est bien ce qui reste à créer à partir de ce qui est déjà donné, c’est à dire l’horizontal : la mer, les minéraux, les matériaux…, des éléments en perpétuelle transformation et qui s’inscrivent les uns dans les autres. Ainsi, les sculptures verticales de l’artiste prennent tout leur sens à partir de l’horizontal, les fondations de leurs structures reposant sur cet horizontal où elles puisent et captent cet élément insaisissable : la mer.

Ces colonnes de verre dans lesquelles sont contenus des morceaux d’océan chargés de tant de signification, existent tout comme des être humains, à leur rythme propre où le statique et le mouvement se contiennent, qui à quelque chose à voir avec le temps cosmique. Ces structures agissent sur la perception que nous avons de l’espace qui leur est immédiat et de l’univers.

L’artiste, dans cette œuvre, se découvre clairement comme médiateur : notre époque qui est celle de la dispersion, va voir s’établir ou se rétablir la communication entre les hommes et les femmes et le cosmos cet inconnu et les temps immémoriaux. Il est question ici d’une “interculturalité” spatiale et temporelle.

Ces lieux relèvent du sacré, les hommes et les femmes y retrouveront une nouvelle spiritualité. Il s’agit non seulement d’un espace physique et mental mais aussi d’un espace affectif. Il suffit de s’aventurer dans le projet “DIALOGUE” : dialogue entre deux temps différents, entre deux espaces distincts : l’espace marin et l’espace urbain, un dialogue qui peut engendrer des dialogues multiples si spécifiquement humains dans leur nécessité.

Le projet “LA COUR DES AMOUREUX” ou bien encore “LES DISCUTANTS DE DE RAUÏSCHTE” illustrent parfaitement cette dimension de l’œuvre. Une poésie apaisante et régénératrice émane de ces sculptures. Ces projets accordent notre condition d’homme et de femme à celle du cosmos.

Cependant, ce rêve éveillé qui figure la compression et l’intrication des temporalités et des espaces ; l’absence et la présence, le virtuel et le réel simultanément ; peut ne jamais avoir lieu. Cette œuvre peut tout aussi bien rester hermétiquement close sur elle-même, muette.

Elle surgit, présence inexpliquée et inexplicable qu’on ne peut ignorer et qui est d’autant plus forte qu’elle reste totalement indéchiffrable. Nous sommes soudain confrontés à une existence brute, inattendue : cette mise en présence abrupte nous renvoie à cette part d’irréductibilité de l’œuvre d’art.  Nous ne pouvons pas nous l’approprier : matérialisation de l’impensable, elle ne saurait nous rassurer. Cette œuvre reste hors de portée et n’offre aucune réponse, elle ne provoque qu’incompréhension devant le mystère de l’univers et nous fait atteindre la limite fondamentale. Cela provoque en nous un sentiment d’étrangeté : nous sommes à la lisière du fantastique. Ce retour au primitif, au primaire se réalise dans la fascination.

En aucun cas ces projets ne peuvent être réduits à une quelconque fonctionnalité. Pures créations de la conscience et de la sensualité du sculpteur, ces sculptures sont là simplement pour être contemplées et l’artiste le sait bien.

Ces instantanés, séquences, morceaux d’univers, simulacres de mondes contenus et contenant tant d’espérance par le fait même qu’ils signalent le mystère primordial de la vie, sont les signes d’une interrogation vaine et toujours recommencée parce que salvatrice. C’est pourtant un leurre total et absolu qui révèle notre profonde solitude. Retenir la trace des marées et en restituer une trame visuelle, sonore, dynamique est une entreprise formidable et terrible. Elle met l’homme et la femme face à face avec leur destin, leur propre néant. Cette œuvre est une véritable mise en scène de fragments d’océan-temps, un spectacle sans cesse revécu et jamais identique du surgissement de l’inconnu et de l’incompréhensible.

Après l’arbre de vie du jardin d’Eden qui symbolise l’immortalité, c’est l’arbre de la connaissance du bien et du mal qui lui succède, l’arbre de la transgression qui signifia la liberté pour l’homme et la femme au prix d’une solitude mortelle. Nous assistons ici à une tentative de recréation du jardin perdu, du paradis des délices à partir d’arbres de l’océan, arbres-symboles d’une vie qui aspire à l’immortalité, véritable réconciliation avec Dieu, et qui ne fait que s’approcher du mystère de la création inviolable pour jamais et comme l’œuvre d’art elle-même irréductible.

Œuvre poétique totale, elle est digne d’une attention spéciale : la concrétisation de cette recherche sculpturale de longue haleine nécessite et mérite d’être soutenue et encouragée dans sa promotion et dans sa réalisation. C’est une œuvre de notre temps dons la naissance ne saurait être différé, l’imaginaire des femmes et des hommes d’aujourd’hui y puisera les mythes oubliés de leurs origines
et ceux encore à venir...

 

Patricia CHEVAL
Université de Caen
Normandie
France, 1987.

Conclusion d’un rapport adressée à la Fondation Biennal de Sao Paulo, Brésil.
Dossier classé en archivage historique en 1987 par la curatrice générale Sheila Leirner.

 

   

 

Prélèvement international de matière première

Intention : Faire rassembler le plus rapidement possible, par 7000 personnes à travers toute la planète, 7000 sables de toutes les mers du monde afin de faire venir la silice nécessaire pour réaliser le diamant destiné à aller coiffer le projet "Le Solitaire... des marées" et concevoir une place publique destinée à rassembler les sables de toutes les mers du monde autour de ce projet.